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jeudi 6 avril 2017

Les Deux Van Gogh

- Informations - 

Auteur : Hozumi
Editeur : Glénat
Genres : Historique, seinen, famille, mystère
Date de parution : 18 mars 2015
Prix : 10 € 75
384 pages


Quatrième de couverture Fin du xixe siècle, Paris. Théodore Van Gogh est un célèbre vendeur d'art chez Goupil & Cie. Ses clients : des grands bourgeois, conservateurs, en quête de signature prestigieuses et valorisantes, persuadés que l'Art n'est accessible qu'à un échelon supérieur de la société, en excluant d'emblée la plèbe ignorante.  Mais Théo recherche et développe de nouveaux talents, manieurs de techniques révolutionnaires. Souhaitant détruire le système de l'intérieur, il se sert de sa position pour mettre en avant des artistes peu académiques… dont son propre frère, Vincent. En France, l'œuvre d'Hokusai a eu une grande influence sur les peintres impressionnistes grâce à l'ouvrage La Manga présent dès 1860 dans les ateliers parisiens. Au Japon, Hokusai ressurgit dans les années 1950 dans les mangas, ces BD qui redécouvrent le trait dépouillé et l'économie de moyen dont il s'était fait le chantre… mais qui se retrouvent injustement méprisés en tant qu'"arts dérisoires". Cependant, quand la jeune génie du manga Hozumi ose réinterpréter à sa manière les mythiques frères Van Gogh, c'est un ouvrage tout aussi iconoclaste que le Déjeuner sur l'herbe qui nous est livré.Le titre a remporté le très populaire prix "Kono manga ga Sugoï" 2014, un prix décerné par un "jury" composé de plus de 400 professionnels de l'édition et de la librairie.

- Mon Avis - 

Et si Vincent Van Gogh avait eu une vie tout à fait banale ? Et si c'était son petit frère, l'imperturbable Théodore qui avait inventé sa légende ? Voilà l'idée de base de ce manga : comment faire naître un mythe de la peinture ? 
Partant du principe que l'histoire que tout le monde connaît est une fausse, on rencontre un Vincent Van Gogh sain d'esprit, enjoué et limite candide qui peint d'étranges toiles. Un homme banal ne peut peindre que des banalités c'est bien connu. Et pourtant Vincent ne peint que des flammes, de la couleur vive, des paysages qui bouleversent ! Comment expliquer cet étrange phénomène ? Théodore, son petit frère, est en totale admiration devant ses peintures et compte bien transmettre son art. Directeur d'une galerie d'art parisienne, il méprise l'art standardisé par les hautes sphères et espère, avec l'aide de peintres de la nouvelle génération, faire éclater le système de l'intérieur. 


La force de ce manga c'est d'abord la passion pour l'art. Galeriste ou artiste, chaque personnage a son point de vue sur la peinture et l'exprime en des termes passionnés. Les différents discours sur l'art et sur la réception du public font réfléchir le lecteur et permettent de comprendre à la fois le point de vue historique (qu'est-ce que l'art au XIXe siècle ?) et le point de vue moderne exprimé à travers le personnage de Théodore. 
Ensuite, le lien fraternel qui unie Vincent et Théodore est incroyablement fort. Nés à quelques années de différence, on a parfois l'impression d'avoir affaire à des jumeaux. Tous deux se comprennent sans forcément prononcer le moindre mot. Et tous deux s'aiment déraisonnablement, allant jusqu'à se promettre de se suivre dans la mort. L'admiration du cadet pour son aîné est d'ailleurs le point d'encrage du manga puisque Théodore est devenu galeriste pour montrer au monde les toiles de son frère. 

Si le message est beau, réfléchi et touchant, le dessin de Hozumi l'est tout autant. Avec un style très clair, les planches qui nous sont proposées sont lumineuses, parsemées de détails sans pour autant agresser l'oeil du lecteur. A première vue, les personnages se promènent dans des décors assez vides, mais quand on regarde bien on voit les éléments du décor, discrets, apparaître au fil des cases.

A la fois bon dans son récit et dans son dessin, Les Deux Van Gogh est un one-shot qui touche profondément son lecteur et qui réconcilie avec la peinture et les musées. Vrai coup de coeur, je ne peux que vous conseiller de vous le procurer pour partir à la rencontre de deux étranges frères passionnés par leur art et la vie. 

- Notation - 

mercredi 5 avril 2017

Kuroneko

- Informations - 

Auteur : Aya Sakyo
Editeur : Taifu 
Genres : fantastique, yaoi, érotique (public averti)
Dernière date de parution : 15 juillet 2016 
Prix : 8 € 99
Série en cours, actuellement 5 tomes.

Quatrième de couverture (t.1) : Les humains finissent toujours par m'abandonner. Je suis sûr que toi aussi, un jour…Shingo est un homme-chat, un humain qui se transforme en un chat noir et qui couche avec quiconque lui plaît physiquement. Mais cette fois, c'est lui la victime de l'impérieuse attention de Kagami, l'acteur le plus en vue du moment, à la virilité littéralement irrésistible. Ses attentions éveillent en Shingo une bête qu'il croyait pourtant endormie…

- Mon Avis - 

Attention ce yaoi est clairement du genre à ne rien cacher. Les personnages sont sexualisés jusqu'au bout de leurs griffes de félin ! Kuroneko est un yaoi torride où le couple Shingo-Kagami s'amuse à faire l'amour dans toutes sortes de position plus ou moins acrobatiques. 

Alors oui, pour peu qu'on s'intéresse à l'histoire ça peut vite devenir lassant. La série est actuellement composée en cinq tomes (dont le dernier est une histoire annexe) qui fonctionne par duo. Le premier tome pose les doutes, les questionnements et les tourments et le deuxième tome résout les conflits entre les deux amants. Rien de nouveau sous le soleil. Les personnages eux-mêmes n'ont rien de révolutionnaire : Shingo est le chat noir qui aime le plaisir mais refuse de tomber amoureux de peur d'être abandonné et Kagami est l'acteur vedette qui fait tourner toutes les têtes. 

Pourtant ce manga fonctionne sur moi ! Pourquoi ? 

Déjà parce que la mangaka sait qu'elle joue avec des stéréotypes du genre et elle ne cherche pas à trop en faire. Rester dans le cadre d'un genre ne veut pas forcément dire faire quelque chose de mauvais, et Kuroneko sans être innovant répond à toutes les attentes des lecteurs. 
Ensuite parce que c'est bon graphiquement. Là encore le style d'Aya Sakyo n'est pas révolutionnaire, mais il est très plaisant à l'oeil et aussi bien les scènes érotiques que les scènes de vie de couple sont travaillées au même niveau. 
Enfin l'alchimie entre les deux protagonistes. C'est physique entre eux, les scènes chaudes nous le prouvent bien ! Mais surtout le lien qui les unie nous touche. D'abord amants pour le simple jeu, ils finissent par s'attacher l'un à l'autre, et cette relation prend du temps. On a là une relation très adulte entre le corps qui guide d'abord et le coeur qui suit à petits pas timides par la suite. 

- Et en bonus, on parle quand même de personnages qui peuvent se changer en félins. Excusez du peu, mais pour la fan de chats que je suis, c'est quand même un point plus qu'important ! -

Alors non Kuroneko n'est pas un plaisir coupable ou un mauvais manga. C'est une très bonne série qui repose sur des bases certes déjà vues mais solides. Plaisir sensuel et visuel, Kuroneko est une série que je vous conseille fortement car elle donne de la bonne humeur. Même si les héros doutent d'eux-mêmes ou de leur relation, chacun fait ce qu'il peut pour s'améliorer et faire avancer leur histoire. Et ça c'est une excellente chose dans le paysage  romantique yaoi ! 

- Notation - 

Le Comte de Monte Cristo

- Informations - 

Auteurs : Alexandre Dumas & Ena Moriyama
Editeur : Kurokawa
Genres : adaptation, classique, aventure, drame, seinen
Date de parution : 9 mars 2017 (one-shot)
Prix : 8 € 90
272 pages

Quatrième de couverture : Tout commença en France à Marseille en l'année 1815. 
Le jour prévu de son mariage, Edmond Dantès, capitaine de vaisseau plein de promesses se fait enfermer injustement au Château d'If, une prison pour criminels politiques. Pendant son long emprisonnement il apprend qu'il a été victime d'une impardonnable trahison. Débutera ensuite une tragédie de vengeance dans laquelle Dantès jouera ses années perdues en prison ainsi que celles qu'il lui reste à vivre en liberté.

- Mon Avis - 

Mon adolescence a été bercée par l'histoire tragique d'Edmond Dantès. Entre le roman d'Alexandre Dumas et sa superbe adaptation animée, Gankutsuou, le comte vengeur est revenu plusieurs fois devant mes yeux et je m'y suis attachée. Du coup, quand j'ai appris que les éditions Kurokawa publiaient son adaptation manga, j'étais toute joyeuse ! 

Plus court que ce que je pensais, il s'agit d'un one-shot, Le Comte de Monte Cristo reste néanmoins fidèle au roman d'origine. Certes, il a fallu faire des choix et couper de nombreuses choses pour faire tenir l'histoire dans moins de trois cents pages, mais l'essence même de l'oeuvre est présente. On retrouve le piège et le sentiment d'abandon que vit le héros, Edmond, lorsqu'il est injustement emprisonné pendant des années. Et on retrouve l'inquiétude et l'obscurité lorsque le comte arrive à Paris. 

Avec un style graphique détaillé et clair, les planches sont assez vives et le découpage des cases donnent une rapidité à la narration. Cela va de pair avec le crescendo que prend la vengeance du comte. Lorsque le piège se referme sur les traîtres, tout s'accélère et on n'a presque pas le temps de souffler tant les éléments s'enchaînent.

Jouant avec le regard de son personnage principal, la mangaka nous transmet ses émotions et ses pensées les plus profondes. La pupille de son héros se dilatant ou devenant plus petite lorsqu'il est tourmenté. 

Recherché, documenté et fait avec passion, l'adaptation du Comte de Monte Cristo est un beau manga que les amoureux de l'oeuvre originale seront heureux de découvrir. C'est aussi un manga qui permet de poser un premier pas das cette aventure torturée, pour tous ceux qui n'ont jamais osé se lancer dans la lecture du roman d'Alexandre Dumas. Une belle découverte à ne surtout pas manquer !

- Notation -